Une question qui brûle les lèvres depuis quelques semaines. L’Etat français va-t-il mettre en place une taxe sur l’épargne des français ? Aujourd’hui, Legalissimo vous dit tout à propos de cette mesure potentielle.
Une taxe sur l’épargne ? Pourquoi ?
Comme nous ne le savons que trop bien, la crise sanitaire a engendré des pertes économiques sans précédent. Selon L’Insee, le PIB français a diminué de 8,31% en moyenne en 2020. Cette contraction serait la plus forte enregistrée depuis le début de la série des comptes nationaux en 1949. A titre d’illustration, la SNCF a annoncé le 24 février 2021 une perte nette de 3 milliards d’euros en 2020. Les mesures de restrictions sanitaires ont entraîné, de fait, une baisse généralisée de la consommation très nette au premier confinement et plus modérée à partir du second.
Selon le rapport du CAE (Conseil d’analyse économique), cette chute de la consommation a entrainé pour beaucoup de ménages une hausse de l’épargne. Cette « épargne covid » aurait représenté 100 à 120 milliards d’euros en 2020. Pour l’année 2021, elle s’élèverait à 200 milliards d’euros. Il faut toutefois relativiser sur le caractère général de cette épargne. Toujours selon le CAE, 70 % de cette épargne proviendrait des 20 % des ménages ayant les revenus les plus hauts. Les 10% des ménages les plus modestes, eux, se seraient d’avantage endettés.
Toujours est-il que l’Etat, qui a dépensé quasiment autant que ce qui a été épargné, pour soutenir l’activité économique et éviter un effondrement brutal de celle-ci, voit en ces sommes un potentiel soutien pour faire face aux retombées économiques de la pandémie. Une question se pose alors : Faut-il instaurer une taxe sur l’épargne ?
Quelles épargnes concernées ?
Les livrets bancaires, en particulier les livrets A se trouvent dans le collimateur d’une taxe sur l’épargne. Effectivement, sept français sur dix en posséderaient un aujourd’hui. Placement populaire, il est d’autant plus avantageux qu’on ne paye pas d’impôt sur cette épargne. On estime que l’argent total stocké sur les livrets A s’élèveraient à 455 milliards d’euros. Cette somme aurait connu une hausse de 10% en 2020.
L’économiste Philippe Aghion, avait annoncé réfléchir à la mise en place « d’une contribution exceptionnelle sur les revenus élevés d’une année ». L’instigateur du programme économique du Président Macron en 2017 précise son propos. Pour lui, cette taxe ne devrait être mise en œuvre qu’une seule fois, « la fiscalité doit rester inchangée » et il doit s’agir là « d’une initiative de plusieurs pays européens ».
Taxe sur l’épargne : une mesure tuée dans l’oeuf ?
D’autres économistes sont contre une telle mesure. En ce sens, ils estiment tout d’abord que le surplus d’épargne résulte d’un réflexe de précaution dans ce contexte économique instable. Ainsi, taxer cette épargne reviendrait à accentuer la précaution et déprimer encore plus la demande. D’autre part, ils sont d’avis que le surcroît d’épargne sert en partie à financer la dette publique française. Cette taxe n’aurait donc pour seule conséquence que de faire baisser la capacité d’emprunt de l’Etat.
Ainsi, beaucoup de facteurs semblent s’opposer sur cette question d’une taxe sur l’épargne. Le gouvernement est venu apporter une réponse à cette interrogation. Le ministre de l’économie a effectivement balayé cette idée à travers la déclaration suivante : « J’écarte une nouvelle fois clairement et définitivement toute taxation de l’épargne des Français ».
Pour autant, la question reste entière : Comment faire en sorte que cette épargne serve la relance économique ? Pas de taxe sur l’épargne, on ne forcera pas les français à l’utiliser. Il faut alors réfléchir à d’autres dispositifs que l’on mettrait en œuvre afin d’encourager les épargnants à consommer ou investir. C’est ce sur quoi Bruno Le Maire à déclaré travailler actuellement : « Nous travaillons à des incitations qui permettraient aux Français de dépenser leur épargne dans l’économie et donc de participer à la relance économique. »
Pour cela, certains élus de gauche restent sur une idée de taxe. Non pas sur l’épargne cette fois-ci, mais plus générale. Cette taxe dite « covid » pourrait être mise en œuvre de manière exceptionnelle à deux niveaux :
- sur les ménages les plus aisés, qui sont ceux ayant le plus épargné ;
- sur les entreprises qui ont tiré de gros profit de la crise, telles que les géants de la distribution principalement.
Reste donc à savoir quelles seront concrètement les mesures mises en œuvre par le gouvernement à ce sujet. Legalissimo ne manquera pas de vous tenir informé des évolutions sur cette question.
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