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Pourquoi les Balkany ont été lâchés par leur financier suisse ?

VIDÉO. Le couple a été dénoncé par le directeur de Gestrust, sa fiduciaire à Genève, qui abritait ses deux sociétés panaméennes. Explications. De notre correspondant à Genève, Ian Hamel

 

 

L’affaire Cahuzac a durablement marqué les esprits à Genève. Il ne s’agit pas de la condamnation de l’ancien ministre français du Budget par le tribunal correctionnel de Paris, mais de celle de la banque Reyl, qui abritait son argent. Elle s’est vu infliger 1 875 000 euros d’amende. Quant à son patron, François Reyl, il a écopé d’un an avec sursis et d’une amende de 375 000 euros. Pourtant, la banque s’était conformée aux réglementations suisses : elle n’avait pas démarché Jérôme Cahuzac en France. Et ce dernier n’était pas en 1998 une personnalité connue.

En revanche, il n’en va pas de même pour Patrick et Isabelle Balkany. Surtout Patrick, maire de Levallois-Perret de 1983 à 1995, puis de 2001 à nos jours. Il a déjà défrayé la chronique avec sa condamnation à deux ans d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêts en 1997. Dans Balkany, l’impuni, paru tout récemment, l’auteur, Jean-Charles Deniau, baptise le couple « les Bonnie & Clyde de la corruption politique » (*). Quand le nom de la fiduciaire Gestrust à Genève avait filtré dans la presse française, soupçonnée d’être liée aux Balkany, son président, Marc Angst, ne s’était pas montré très coopératif.

Le bras droit de Patrick Balkany

Installée au quatrième étage d’un immeuble de la rue Thalberg, située près de la gare centrale, Gestrust, qui hébergeait alors 23 sociétés, en particulier 2 sociétés panaméennes, Himolla Company Corp et Harridge Investments Group Corp, apparemment proches des Balkany, n’avait pas souhaité répondre aux questions du Point en octobre 2014. Mais, en janvier 2015, la fiduciaire demandait un droit de réponse, précisant que « lors de la constitution de la société Himolla, la société Gestrust n’avait aucun doute sur le fait que son propriétaire était monsieur Aubry ».

Il s’agit de Jean-Pierre Aubry, 57 ans, ancien directeur général de la Semarelp, la société d’économie mixte de Levallois-Perret, et ancien président du Levallois Sporting Club, considéré à l’époque comme le bras droit de Patrick Balkany. Il était officiellement l’actionnaire à 99 % de la société civile immobilière Dar Gyucy SCI, propriétaire d’une villa à Marrakech, essentiellement fréquentée par le couple Balkany.

Gestrust dénonce les Balkany

Marc Angst, le patron de Gestrust, ajoutait dans Le Point que « ce n’est qu’à la lecture d’un article, en décembre 2013, que M. Angst a appris que le véritable propriétaire de cette société pourrait être en réalité monsieur Balkany ». Il ajoutait que Gestrust avait alors immédiatement effectué un signalement aux autorités suisses et qu’elle collaborait « avec les autorités suisses et françaises ». Marc Angst oubliait tout de même de préciser que Diana Brush, la directrice de Gestrust, possédait 1 % de la luxueuse villa de Marrakech.

Dans L’Agefi, le quotidien suisse de la finance, le patron de Gestrust jurait de sa bonne foi : il s’était fait avoir. Alerté sur la possibilité que Jean-Pierre Aubry ait pu agir, dans son dos, pour le compte de Patrick Balkany, il reconnaissait qu’il avait fait « un signalement au bureau de communication en matière de blanchiment (MROS) ». Le MROS (Money Laundering Reporting Office Switzerland) à Berne, auprès de l’Office fédéral de la police, est le relais entre les intermédiaires financiers et les autorités de poursuite pénale, conformément à la loi sur le blanchiment d’argent. Marc Angst ajoutait : « Nous n’avons rien à nous reprocher. »

Plus de secret bancaire

En d’autres termes, un financier suisse a aujourd’hui le droit – et surtout le devoir – de balancer son client, surtout s’il ne veut pas tomber avec lui. Dans la Confédération, le secret bancaire a fini d’être un droit de l’homme. Et celui qui le viole ne risque plus vraiment d’être puni de six mois d’emprisonnement. Apparemment, les Balkany n’ont pas compris à temps ce changement « d’habitudes » de l’autre côté du Jura. Plus grave pour eux, ils savent que le fisc français n’ignore plus rien du tout de leurs placements non déclarés sur les bords du lac Léman.

 

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