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Pandora Papers : Qui sont les politiques mis en cause pour évasion fiscale ?
Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) vient de publier une nouvelle enquête baptisée « Pandora Papers ». Celle-ci révèle les montages financiers illégaux de chefs de gouvernement et de personnalités influentes. Quels sont les noms cités dans le dossier ? Quels éléments compromettants ressortent de l’enquête ? Dans cet article, Legalissimo fait un retour sur les premières conclusions de cette immense enquête du consortium de journalistes.
Les « Pandora Papers », qu’est-ce que c’est ?
Dimanche, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), a publié les résultats de leur 9e enquête, baptisée « Pandora Papers ». Elle est le résultat d’une longue enquête collaborative menée par l’ICIJ. Environ 600 journalistes de 150 médias internationaux, dont Le Monde, ont participé aux travaux de recherche. L’enquête repose sur la fuite de 12 millions de documents confidentiels, datés de 1996 à 2020, transmis par une source anonyme.
Ces documents proviennent d’archives de 14 cabinets spécialisés dans la création de sociétés offshore dans les paradis fiscaux (îles Vierges britanniques, Dubaï, Singapour, Panama, les Seychelles…), dans le but de dissimuler des bénéfices. Ils révèlent l’existence de montages financiers illégaux de la part de responsables politiques et de personnalités publiques.
Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ)
L’ICIJ est une organisation américaine fondée en 1997 à Washington. Elle est devenue indépendante en 2017. Cela lui a notamment permis de ne plus centrer ses enquêtes uniquement sur les Etats-Unis. L’organisation compte plusieurs centaines de journalistes du monde entier et elle collabore avec de nombreux grands médias. En avril 2016, elle révélait déjà l’existence de plus de 200.000 sociétés offshores, dans une enquête baptisée « Panama Papers ».
Quels sont les noms épinglés au dossier Pandora Papers ?
Responsables politiques, grands sportifs et mannequins, stars de la chanson etc. Les Pandora Papers font apparaître des noms qui ne cessent de nous surprendre.
Des chefs de gouvernements et responsables politiques
Le dossier fait apparaître le nom de responsables politiques de plus de 90 pays et de 300 responsables publics. Parmi eux, on retrouve une quinzaine de figures politiques majeures en exercice et 35 chefs d’États actuels ou passés. Dans cette liste figurent 7 présidents en exercice, dont :
- Nicos Anastasiades, président de la République de Chypre ;
- Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo ;
- Ali Bongo, président du Gabon ;
- Guillermo Lasso, président équatorien, a logé des fonds dans 2 trusts dont le siège se trouve aux Etats-Unis.
- Abdullah II, roi de Jordanie, a créé au moins une trentaine de sociétés offshore, dont il s’est servi pour acheter 14 propriétés de luxe aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, pour un montant de 106 millions de dollars.
Vous pouvez retrouvez la liste complète, contenant tous les noms, ici.
Des Premiers ministres et autres ministres
Sont également épinglés les noms de Premiers ministres et de ministre qui sont, pour certains, encore en exercice :
- Andrej Babiš, actuel Premier ministre tchèque, qui est propriétaire de 40 000 m² non déclarés dans le Sud de la France ;
- Najib Mikati, actuel Premier ministre libanais, qui a fait appel à une société panaméenne pour acquérir une propriété à Monaco ;
- Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, qui selon l’enquête a recouru, en 2017, à un montage offshore avec son épouse pour s’épargner près de 400 000 euros d’impôt sur l’achat d’un immeuble londonien, grâce à une société basée aux Îles Vierges britanniques.
- Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre de l’Economie et directeur général du FMI, accusé d’avoir fait transiter plusieurs millions de dollars d’honoraires de conseil à des entreprises par l’intermédiaire d’une société marocaine exemptée d’impôts.
Le dossier évoquent « une poignée d’hommes politiques français, souvent murés dans le silence au moment d’expliquer la raison d’être de leurs sociétés offshore ». Le député LREM Sylvain Maillard est épinglé car il aurait été l’associé d’une société écran aux Seychelles, dans la vente de jouets importés d’Asie.
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D’autres personnalités influentes
Parmi les personnalités les plus influentes, les noms de plusieurs célébrités du monde de la musique ressortent. On retrouve notamment le chanteur anglais Elton John, la chanteuse colombienne Shakira, le chanteur espagnol Julio Iglesias ou encore Ringo Starr, l’ex-batteur des Beatles.
Les Pandora Papers ont fait ressurgir également les noms de Claudia Schiffer, ancien top model allemand, Jacques Villeneuve, ancien pilote canadien de Formule 1, l’ex-tennisman et directeur du tournoi Roland-Garros Guy Forget.
Des pratiques non suivies de poursuites ?
Les personnalités impliquées dans le dossier auraient toutes fait jouer leurs réseaux respectifs pour construire des montages financiers complexes. Cela avec l’aide d’entreprises spécialisées. Celles-ci leur auraient servi à transférer leur argent dans des « paradis », où la fiscalité est plus avantageuse.
Dans la plupart des pays, ces faits ne sont pas susceptibles de poursuites. Mais dans le cas de chefs de gouvernement, on peut mettre en parallèle le discours anticorruption, tenus par certains d’entre eux, avec leurs placements dans des paradis fiscaux. Les institutions, quant à elles, s’indignent de ces révélations. Pour Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne, il s’agit de « pratiques inacceptables » sur lesquelles l’UE va devoir « travailler davantage » à l’avenir.
De nombreuses enquêtes ouvertes
Dans la foulée, de nombreux gouvernements ont annoncé l’ouverture de vastes enquêtes pour clarifier la situation. En France, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a indiqué que Bercy a lancé des vérifications concernant la présence ou non de résidents fiscaux français parmi les personnes épinglées dans les Pandora Papers. En effet, selon le journal Le Monde, 600 Français sont cités dans l’enquête.
Mardi 5 octobre, Bruno Le Maire a affirmé que « si des résidents fiscaux français devaient être impliqués dans des schémas d’optimisation abusifs, la direction générale des finances publiques, à ma demande, engagerait sans aucun délai des démarches nécessaires en lien avec la justice pour récupérer toutes les sommes dues ». C’est ce qu’il s’était passé en mars 2015 durant l’enquête des « Panama Papers ». Dans cette affaire, le gouvernement français avait notamment pu réinjecter 25 millions d’euros dans l’économie. Attendons alors que l’avenir nous en dise plus concernant cette affaire au retentissement mondial.