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Victime ou manipulateur ? L’expertise psychologique dans les cas de harcèlement.

Le rôle de l’expert psychologue dans les affaires de harcèlement est crucial, car il permet de naviguer à travers des récits souvent complexes et ambigus. Cet article explore les défis auxquels sont confrontés les experts lorsqu’ils doivent distinguer entre souffrance authentique et manipulation, tout en respectant les principes de neutralité et de déontologie.

Les enjeux psychologiques dans les affaires de harcèlement

Dans le domaine juridique et clinique, le harcèlement est fréquemment associé à des souffrances psychologiques telles que le stress post-traumatique, le burn-out ou des troubles anxieux. Les experts psychologues doivent souvent traiter des cas où les faits sont flous et les interprétations contradictoires. Dans ces situations, les deux parties peuvent se déclarer victimes, rendant le travail de l’expert d’autant plus délicat.

La complexité des récits

Les affaires de harcèlement se situent à l’intersection de la clinique du trauma et des conflits relationnels. En l’absence de témoins directs, le discours du plaignant devient central. Ce discours peut être sincère, mais également biaisé par des mécanismes psychiques ou instrumentalisé. Certaines personnalités, comme celles présentant des traits narcissiques ou paranoïaques, peuvent percevoir leur environnement comme hostile, tandis que d’autres peuvent utiliser une posture victimaire pour inverser les responsabilités.

Le rôle de l’expert psychologue

L’expert psychologue n’a pas pour mission de déterminer la vérité des faits, mais d’analyser la cohérence psychologique des discours. Il doit objectiver les troubles éventuels et identifier les distorsions, tout en respectant une approche déontologique. Cela implique une analyse clinique approfondie, des entretiens rigoureux et l’utilisation de tests psychométriques validés.

Les outils de profilage clinique

Le profilage clinique est un outil essentiel pour comprendre les dynamiques en jeu. Parmi les tests utilisés, on trouve :

  • Le MMPI-2 (Minnesota Multiphasic Personality Inventory), qui évalue les traits pathologiques et la validité du discours.
  • Le PAI (Personality Assessment Inventory), qui fournit des indices sur la régulation émotionnelle et les tendances paranoïdes.
  • Le TCI (Temperament and Character Inventory), qui éclaire la structure du tempérament.

Ces outils renforcent la fiabilité de l’analyse clinique et aident à distinguer les différents types de souffrances psychologiques.

Un exemple illustratif

Considérons le cas fictif de Monsieur D., cadre supérieur de 48 ans, qui dépose plainte pour harcèlement moral. Son discours, bien que structuré, révèle une tendance à la valorisation de soi et à la dévalorisation des autres. Les tests psychométriques montrent une élévation des échelles de narcissisme et de paranoïa. L’expert conclut que, bien que Monsieur D. présente une souffrance, son interprétation des faits est biaisée par une vulnérabilité narcissique.

Dans les affaires de harcèlement, l’expert psychologue joue un rôle fondamental en apportant un éclairage clinique rigoureux. En mobilisant des outils psychométriques et en respectant une éthique professionnelle, il contribue à clarifier des récits complexes, protégeant ainsi les véritables victimes et évitant des erreurs judiciaires. Le profilage clinique, loin d’être un outil de suspicion, devient un levier d’équité dans le processus judiciaire.

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