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Faillite et évaluation de la volonté malveillante.

Analyse Juridique de la Banqueroute : La Position de la Cour de Cassation
La question de la banqueroute et de l’intention frauduleuse est au cœur des préoccupations juridiques en France. La récente décision de la Cour de cassation du 7 octobre 2025 illustre la rigueur avec laquelle cette institution évalue les comportements des dirigeants d’entreprises en difficulté financière. Cet article examine les faits de l’affaire, les arguments présentés et les implications de cette décision.
Contexte de l’Affaire
L’affaire concerne un gérant d’entreprise déjà sous le coup d’une interdiction judiciaire de gérer, qui a continué à exercer des fonctions dans plusieurs sociétés en difficulté. Suite à une enquête, des mouvements financiers suspects ont été détectés sur le compte de la société après la date de cessation des paiements, fixée au 16 août 2012. En effet, des sommes importantes ont été transférées à une association et au gérant lui-même, totalisant un préjudice de 52 250 €. Les juges ont donc condamné le gérant pour banqueroute et abus de biens sociaux, lui infligeant une peine d’un an d’emprisonnement avec sursis, une amende de 40 000 €, ainsi qu’une interdiction définitive de gérer.
Arguments de Défense
Le gérant a contesté la décision en affirmant qu’il n’avait pas conscience de la nature illégale de ses actes. Il a évoqué son ignorance de la législation française et ses difficultés linguistiques comme raisons de son comportement. Ce type d’argument est fréquemment utilisé dans les affaires de banqueroute pour remettre en question l’élément essentiel de l’intention frauduleuse, tel que stipulé dans l’article L654-2 du Code de commerce.
Décision de la Cour de Cassation
La Cour de cassation a rejeté ces arguments, affirmant que la cour d’appel avait correctement établi l’intention frauduleuse sans insuffisance ni contradiction. La décision souligne que les mouvements financiers effectués après la cessation des paiements sont des indicateurs clés de l’intention frauduleuse. En effet, la jurisprudence reconnaît depuis longtemps que des actes délibérés de transfert de fonds peuvent suffire à caractériser cette intention.
Implications de la Décision
Cette décision renforce la jurisprudence en matière de banqueroute, affirmant que les juges disposent d’une large marge d’appréciation pour évaluer l’intention des dirigeants. Les excuses basées sur l’ignorance ou les difficultés personnelles ne suffisent pas à atténuer la responsabilité pénale, surtout lorsque des professionnels, comme un expert-comptable, ont signalé des irrégularités. La Cour rappelle ainsi que la banqueroute est une infraction dont l’intention peut être déduite de comportements objectivement anormaux, en particulier lorsque ceux-ci se produisent après la cessation des paiements.
Conclusion
La décision du 7 octobre 2025 de la Cour de cassation illustre la fermeté de la justice française face aux comportements frauduleux des dirigeants d’entreprises. Elle souligne l’importance de la responsabilité personnelle et de la transparence dans la gestion des sociétés en difficulté. Cette jurisprudence contribue à renforcer la prévisibilité des décisions judiciaires en matière de banqueroute, rappelant que l’intention frauduleuse peut être facilement déduite de comportements inappropriés. Pour en savoir plus sur le droit des affaires en France, vous pouvez consulter le site du Conseil National des Barreaux.





