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Féminicides en Tunisie : les limites de la loi 2017-58 pour protéger les femmes.

La Tunisie, malgré l’adoption de la loi organique n° 2017-58 pour l’élimination des violences faites aux femmes, fait face à une augmentation alarmante des féminicides. Ce phénomène soulève des questions sur l’efficacité des lois en place et sur l’engagement des institutions à protéger les femmes victimes de violences.

Un paradoxe inquiétant

Depuis l’adoption de la loi en 2017, le nombre de féminicides a presque quadruplé, passant de 6 cas en 2018 à 25 en 2023. En 2024, plus de vingt féminicides ont déjà été signalés, illustrant une tendance inquiétante. Ce constat met en lumière un écart entre les avancées législatives et la réalité sur le terrain, où l’impunité et l’indifférence institutionnelle prévalent.

Des avancées légales fragiles

La loi n° 2017-58 a introduit des mesures significatives pour protéger les femmes, incluant des définitions élargies des violences et des mécanismes de protection d’urgence. Malgré cela, l’application de ces lois reste insuffisante. Les témoignages de victimes révèlent que les ordonnances de protection sont rarement mises en œuvre, laissant les femmes vulnérables face à leurs agresseurs.

Limites de mise en œuvre

Plus de six ans après l’entrée en vigueur de la loi, les obstacles à son application sont nombreux. Les mécanismes de protection sont souvent mal activés, et les unités de police spécialisées manquent de ressources. De plus, la pression sociale pousse les victimes à se rétracter, et les procédures judiciaires sont souvent longues et inefficaces.

Indifférence institutionnelle

Au-delà des carences techniques, une forme d’indifférence de la part des institutions est également observée. La culture patriarcale et la banalisation des violences entravent la protection des femmes. Les témoignages de victimes montrent que les forces de l’ordre ne prennent pas toujours les menaces au sérieux, ce qui contribue à un climat d’impunité.

Vers une protection effective

Pour remédier à cette situation, il est crucial de renforcer les mécanismes de suivi et de collecte de données. La création d’un observatoire national des violences faites aux femmes pourrait permettre une meilleure évaluation de l’application de la loi. De plus, il est nécessaire d’allouer des ressources suffisantes pour ouvrir davantage de centres d’hébergement et garantir un soutien juridique et psychologique aux victimes.

La Tunisie doit s’engager à transformer ses lois en actions concrètes pour protéger les femmes. Cela nécessite une volonté politique forte et un changement culturel pour que chaque Tunisienne puisse vivre à l’abri de la violence. La préservation des vies humaines et la crédibilité de l’État de droit en dépendent.

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