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Société Générale sanctionnée : un nouvel exemple de protection contre le spoofing.

Le 3 octobre 2025, le Tribunal judiciaire de Paris a rendu une décision marquante concernant la fraude bancaire, condamnant la Société Générale à rembourser une cliente victime d’une escroquerie par téléphone, connue sous le nom de fraude au «spoofing». Ce jugement s’inscrit dans une tendance jurisprudentielle visant à renforcer la protection des consommateurs face aux fraudes sophistiquées.
Contexte de l’affaire
Dans cette affaire, une cliente de la Société Générale a reçu un appel d’un individu prétendant être un conseiller de la banque. L’appel provenait d’un numéro authentique de l’établissement, ce qui a accru la crédibilité de l’interlocuteur. Ce dernier a alerté la cliente sur des paiements frauduleux et lui a demandé de se connecter à son espace bancaire en ligne. Le lendemain, trois débits totalisant 3330 euros ont été constatés sur son compte. Malgré sa plainte, la banque a refusé de rembourser, arguant que les opérations avaient été validées via une authentification forte et que la cliente avait fait preuve de négligence grave.
Analyse juridique
Le tribunal a examiné le litige à la lumière des articles L.133-18 à L.133-24 du Code monétaire et financier, qui régissent la responsabilité des prestataires de services de paiement en cas d’opérations non autorisées. Selon ces dispositions, la banque est tenue de rembourser l’utilisateur, sauf si elle prouve que celui-ci a agi de manière frauduleuse ou avec négligence grave. La jurisprudence a établi que la simple utilisation d’un moyen de paiement ne peut suffire à établir une négligence grave.
Décision du tribunal
Le tribunal a rejeté l’argument de la Société Générale, affirmant que la cliente avait été trompée par une manœuvre de spoofing, ce qui altérait sa vigilance. Il a rappelé que la Cour de cassation avait déjà statué que les victimes d’appels frauduleux ne peuvent être considérées comme gravement négligentes. En conséquence, la banque a été condamnée à rembourser les 3330 euros.
Conséquences et réflexions
Bien que le tribunal ait rejeté la demande de réparation pour préjudice moral, considérant que le stress de la cliente résultait de l’escroquerie elle-même, cette décision souligne la nécessité d’une protection accrue pour les consommateurs. La résistance des banques à rembourser les victimes, malgré des droits clairs, peut constituer une faute distincte. La décision du 3 octobre 2025 s’inscrit dans une jurisprudence de plus en plus ferme envers les établissements bancaires, rappelant que la négligence grave doit rester l’exception.
Ce jugement met en lumière l’importance de la confiance des clients dans les relations bancaires et souligne que les établissements doivent assumer le risque des fraudes sophistiquées. À l’ère numérique, la vigilance des consommateurs ne peut être absolue, et il est impératif que les banques renforcent leurs dispositifs de sécurité pour protéger leurs clients.





