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Jawad Bendaoud condamné en appel à 4 ans de prison

Le logeur de deux djihadistes du 13 Novembre avait été relaxé en première instance en février 2018. Il risquait jusqu'à 6 ans de prison. Source AFP

Fin de course pour Jawad Bendaoud. L’homme connu pour avoir hébergé deux djihadistes des attaques du 13 novembre 2015 a été condamné vendredi en appel à quatre ans de prison. La cour d’appel de Paris l’a condamné après qu’il eut été relaxé en première instance. Entouré de six gendarmes dans le box des prévenus, il est resté calme à l’annonce de l’arrêt de la cour d’appel, secouant légèrement la tête.

Jawad Bendaoud, qui n’a cessé de clamer son innocence, avait été relaxé en première instance en février 2018. Il encourait six ans de prison. La cour a également prononcé l’interdiction de ses droits civiques pendant cinq ans. Jawad Bendaoud devra indemniser au titre des dommages et intérêts des centaines de parties civiles : des « victimes directes » des attentats, des « victimes indirectes » ainsi que des résidents de l’immeuble de Saint-Denis, où il avait logé les deux djihadistes. Pendant une heure, le président a lu un à un les noms de ces parties civiles, à qui Jawad Bendaoud devra verser des dizaines de milliers d’euros.

« Recel de malfaiteurs terroristes »

Ce procès était le premier en lien avec les attaques du 13 Novembre qui avaient fait 130 morts à Saint-Denis et Paris. Jawad Bendaoud était jugé pour « recel de malfaiteurs terroristes » pour avoir fourni l’appartement où Abdelhamid Abaaoud et son complice Chakib Akrouh s’étaient repliés à Saint-Denis. C’est là qu’ils sont morts dans l’assaut des policiers du Raid, le 18 novembre 2015. Jawad Bendaoud a toujours affirmé qu’il ne savait pas qu’il hébergeait des djihadistes, mais dans sa décision, la cour d’appel a jugé qu’il était « impossible de se fier à ses déclarations ». « Force est de constater qu’il n’a cessé de multiplier les propos contradictoires », écrivent les magistrats. Il est décrit, dans cet arrêt dont l’Agence France-Presse a obtenu copie, comme « un délinquant chevronné », « un individu sans scrupule ».

« Il n’est pas crédible, alors que la France était en proie au pire attentat de son histoire contemporaine, que Jawad Bendaoud (…) se soit abstenu de voir les informations du samedi 14 au mardi 17 (novembre, NDLR) et n’ait pas vu (…) les photographies d’Abdelhamid Abaaoud, présenté comme l’organisateur des attentats », a relevé la cour. « La gravité des faits et la personnalité de Jawad Bendaoud rendent nécessaire le prononcé d’une peine d’emprisonnement ferme, toute autre sanction étant manifestement inadéquate », ont jugé les magistrats.

Une « vengeance »

« C’est pas de la justice, c’est de la vengeance », a réagi son avocat, Xavier Nogueras. « Je suis absolument consterné. On n’a pas amené la démonstration de la preuve », a-t-il ajouté. Au contraire, pour la mairie de Saint-Denis, cette décision « est un véritable soulagement ». « Les juges n’ont pas été dupes des pitreries de cet individu qui est un délinquant multirécidiviste et dangereux. » « Ils s’en sortent très très bien. (…) Avoir donné une peine de quatre ans, ça me scandalise », a de son côté réagi Patrick Jardin, le père d’une victime du Bataclan.

Jugé à ses côtés pour « non-dénonciation de crime terroriste », Youssef Aït Boulahcen, le cousin d’Abdelhamid Abaaoud, a également été condamné à quatre ans de prison avec mandat de dépôt à l’audience. En première instance, cet ambulancier de 26 ans avait été condamné à quatre ans de prison, dont un an avec sursis.

Frédéric Bibal, avocat d’une quarantaine de parties civiles, s’interrogeait à la sortie de l’audience : « Est-ce que Jawad Bendaoud a payé son comportement  ? Je n’en sais rien, mais il est certain que son comportement n’était pas adéquat à l’égard des victimes. » Mais « ne confondons pas le jugement des attentats eux-mêmes et le jugement de cette affaire », a mis en garde l’avocat. Le procès sur les attentats du 13 Novembre pourrait, lui, avoir lieu au plus tôt en 2021. Une dizaine de personnes sont actuellement mises en examen dans ce dossier, qui compte quelque 1 700 parties civiles.

Source Lepoint.fr

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